Chapitre VIII – Culture, Elevage, Pêche

La culture

Le cadastre ordonné par l’intendant de Louis XVI, Bertier de Sauvigny, et établi le 11 novembre 1785 montre l’ordonnance du village de Juziers.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, Juziers était un village entièrement tourné vers l’agriculture et l’artisanat qui en découle.

Le bois

La culture de la vigne entraîne le boisement en chênes et châtaigniers pour la fabrication des tonneaux et pour la confection des échalas, tuteurs des ceps. L’exploitation des bois et forêts est strictement codifiée. Ainsi ce bail établi selon l’ordonnance des Eaux et Forêts en 1748, par dame Le Roy à François Duvivier concernant la ferme d’Herval «de nourrir, labourer et épiner tous les ans et autant de fois qu’il sera nécessaire… ».

L'atelier de menuiserie

Le fourrage

La bourgogne (sainfoin) fourrage cultivé principalement dans les îles de Juziers est une telle richesse qu’il apparaît dans les inventaires où le nombre de gerbes est soigneusement décompté. L’exploitation des îles, au nombre de trois, est un privilège souvent remis en cause car il nécessite la traversée de la Seine soumis à péage dont l’exclusivité est revendiquée par l’abbé. Ainsi en 1738 le seigneur de la Sergenterie, Denis Le Dreux, assigne l’abbé La Fare pour contester ce droit. L’île est aussi un lieu favorable à l’exploitation de l’osier et du bois.

Les céréales

Le système triennal est utilisé : jachère, ensemencement en blés d’hiver (froment, méteil) et seigle puis blés de printemps, orge ou avoine pour les animaux. Si le blé d’hiver vient à manquer, on fait du pain avec l’orge (le pain des anciens Romains). Ce fut le cas en 1709 où on ne put moissonner suite aux terribles gelées de l’hiver.
Aux XIXe et XXe siècle les engrais permettent une culture plus intensive et entraînent la suppression de la jachère.

 

 

 

Rentrée de la moisson

La vigne :

voir rubrique « Vignes » car depuis 2016, Juziers a réimplanté une vigne sur un emplacement d’origine. Le livre donne donc des informations qui sont reprises dans cette rubrique  : historique, création du vignoble…

Néanmoins, pourquoi vous priver de ce magnifique cadastre de 1786, établi par Bertier de Sauvigny, intendant de la Généralité de Paris.

Vignoble des Pérelles
Pressoir de juziers la Ville
Vendanges aux Crayères
Le petit gris de M. Doucet

Les cultures maraîchères et fruitières.

Pour remédier à la disparition de la vigne, la culture maraîchère et fruitière s’intensifie.
Statistiques des légumes récoltés en 1892

La pomme de terre sur 40 ha donne 600 tonnes.
L’asperge sur 30 ha donne 150 tonnes.
La carotte sur 20 ha donne 400 tonnes.
Les poireaux et oignons sur 5 ha donnent 125 tonnes.
Les petits pois sur 50 ha donne 350 tonnes.

Des vergers de pommes, poires, cerises, abricots et surtout prunes remplacent la vigne : cent vingt tonnes de prunes et deux cent cinquante tonnes pour les autres fruits. L’arrivée du chemin de fer va faciliter l’exportation. Les fruits traversent souvent la Manche pour agrémenter la table des Anglais.La place et la rue de la gare dite «halte de Juziers» se transforment périodiquement en un vaste marché.

 

L’élevage.

Sans être une terre d’élevage, Juziers a une surface suffisante en prairies pour nourrir vaches et chevaux. L’importance du cheptel est souligné dans un «Dénombrement de la Population du Canton de Limay, département de Seine et Oise et des Bestiaux de toute espèce qui existent dans ce Canton» an IV de la République. Côte à côte sont recensés «hommes mariés ou veufs : 241, femmes mariées ou veuves : 251, garçons de tout âge : 294, filles de tout âge : 292, défenseurs de la Patrie : vivants 30 et morts 4 » et dans le même tableau « chevaux et juments de tout âge : 115 !»
A la fin du XIXe siècle on compte 102 chevaux pour une seule jument mais un unique taureau règne sur 107 vaches ! Les ânes sont aussi là (50) sans oublier les cochons, les moutons, les chèvres et tous les animaux de basse-cour pour la table des ménages. On dénombre une quarantaine de ruches et 59 chiens.

Mélanie et Marguerite
Ferme Hôtel de Ville
Les Granges, 1950

La pêche.

Au Moyen Age, les moines grands consommateurs de poisson exerçaient sur la Seine un droit de passage mais aussi de pêche. Le fleuve était et reste encore aujourd’hui très poissonneux : goujons, ablettes, gardons abondaient ainsi que les anguilles capturées dans des ‘gords’ sortes de nasses en forme d’entonnoir alternant avec des barrages.
Plus couramment la pêche se pratiquait depuis la rive ou sur une barque à fond plat ‘le bachot’ ; ou bien encore sur une sorte de baquet carré retenu par deux perches en bois où le pêcheur s’installait pour quelques heures.
De la pêche nécessité alimentaire on arriva à la pêche loisir, à ceux qu’on appelait «les pêcheurs du dimanche», venus souvent de Paris ou de sa banlieue pour «taquiner le goujon.» (Cf. chapitre X).

Gords sur la Seine